Le terroir
L’équilibre caractérise ce grand terroir très favorable au Riesling par son caractère tardif et sa composition marno-calcaire. Le micro-climat très tempéré du site favorise des maturations lentes, et offre des vins de grande longévité.
Situé sur la commune de Hunawihr, le Grand Cru Rosacker forme un quadrilatère longeant le flanc Nord du village et s’élevant jusqu’à l’entrée du vallon fermé, en haut du village. Situé entre 260 et 330 mètres d’altitude, le coteau exposé Est, Sud-Est, regarde la plaine d’Alsace.
Si la pente, est douce dans sa partie basse et médiane, elle est en revanche plus accentuée dans sa partie haute, sans toutefois nécessiter de culture en terrasse.
Le Rosacker n’est pas un terroir « extrême ». Au contraire, de par sa profondeur de sol, son exposition à l’est, son caractère tardif et sec, sa faible exposition aux vents, il offre à la vigne des conditions de maturation régulières. Ainsi, l’ensemble des cépages alsaciens réussit sur le Rosacker, et ce, quel que soit le millésime. Cependant, la résistance du terroir à la sécheresse estivale et son caractère tardif profitent particulièrement au Riesling, qui acquiert ici de la puissance tout en conservant sa pureté.
Ce terroir possède une des plus fortes personnalités du vignoble.
« C’est un lieu-dit qui donne une grande charpente au vin, par sa tension et par sa chair.
La fin de bouche de ce Grand Cru est subtile et précise, donnant aux vins du caractère, et une allonge quasi interminable !
Le Riesling décline ici des notes végétales et nobles, comme celles du laurier, du chèvrefeuille, de la fleur d’acacia. Le Pinot Gris évolue sur les fruits blancs frais, tandis que le Gewurztraminer décline des notes parfumées et captivantes de fleurs de printemps ».
L’histoire
Le Grand Cru Rosacker est inséparable de l’histoire du village d’Hunawihr, dont la célèbre église fortifiée est devenue l’un des symboles du vignoble alsacien.
Les vins du Rosacker sont mentionnés dès 1483. À cette époque, les ducs de Wurtemberg administrent la contrée et veillent sur la qualité des bons crus hautement appréciés par les dignitaires du Saint Empire Romain Germanique. Le Rosacker, dans la ligne de mire des trois châteaux des sires de Ribeaupierre qui dominent les hauteurs de Ribeauvillé, accroît la convoitise des nobles et des bourgeois pour le vignoble de la commune.
Hunawihr, à l’instar de nombreuses communes du piémont vosgien porte dans son acte de naissance sa parenté vigneronne. C’est par une donation de vignes du seigneur Huno au couvent de Saint-Dié que son nom apparaît dans l’histoire au VIIème siècle. Situé entre Ribeauvillé et Riquewihr, il participe au cours du temps à la prospérité de la viticulture alsacienne, en y ajoutant la marque de ses terroirs et la poésie de ses légendes. L’une d’elle raconte qu’un jour d’automne, alors que les vignerons rentraient au village, après une triste vendange dans un vignoble désolé par l’hostilité du temps, la dame Hune, épouse du seigneur Huno, fit miraculeusement jaillir de la fontaine où elle lavait le linge des plus humbles le meilleur vin de toutes les cuvées connues dans la région.
La dame bienfaitrice rejoignit le panthéon des saints après sa mort, tandis que les coteaux de la commune prenaient le relais de la fontaine miraculeuse.
Tout au long du Moyen Âge, le vignoble de Hunawihr alimente les caves des Dominicains de Bâle et de Fribourg-en-Brisgau et plus tard celles des seigneurs de Horbourg et de leurs successeurs, les comtes de Wurtemberg.
Au XIVème siècle, rapporte la chronique locale, alors que certains villages payaient leurs redevances en livrant à leurs seigneurs des chapons, du vin rouge ou des deniers, Hunawihr livre uniquement du vin blanc.
Les vins
Marqués par une forte personnalité, les vins du Rosacker sont purs et complexes. Ils se prolongent en bouche avec finesse et durée.
Les vins du Rosacker sont purs et complexes, et ne présentent pas d’amertume ou de notes grillées. Les Riesling sont secs, puissants, concentrés. Ils présentent des arômes mûrs, sans aller jusqu’à la surmaturité. Leur bouche révèle généralement une belle salinité, qui renforce la tension du vin. Les Gewurztraminer sont quant à eux riches, dans un style doux, mais rarement liquoreux. Ils associent la richesse naturelle du cépage à la fraîcheur développée par le terroir. Ainsi, les Gewurztraminer du Rosacker ne sont jamais lourds. Les Pinot Gris peuvent être secs ou doux, mais là encore, acidité et salinité assurent leur équilibre.
Les millésimes
Le Rosacker est un vin de garde.
Les Riesling développent avec l’âge de fines notes minérales – mais ils ne « pétrolent » jamais. Leur bouche gagne en volume et en harmonie. Les Gewurztraminer gardent leur vivacité et développent leur complexité aromatique potentielle. Les Pinot Gris prennent du volume, sans perdre leur fraîcheur initiale.
« Les vins jeunes possèdent une certaine austérité et procurent une sensation serrée. Mais après quatre ans, la bouche prend du volume ; les vins de ce Grand Cru déclinent alors tout leur potentiel aromatique et minéral.
Lors de millésimes précoces : à maturité, la structure de bouche procure une sensation sphérique. Les notes végétales et nobles se retrouvent, alliées aux fleurs séchées et à la cire d’abeille. Une salinité typique, de « pierre à fusil » se dégage nettement.
Lors de millésimes tardifs : une grande droiture définit le vin en bouche, doté alors d’une matière plus tonique. Cet esprit tranchant fait détoner l’expression aromatique en notes multiples d’herbes fraîches, de minéralité, de pierre à fusil. »
Les accords
« Les notes d’herbes aromatiques sont de très beaux détonateurs gustatifs. Les poissons, les coquilles Saint-Jacques et les viandes marinées, en tartare ou en papillote, généralement associés aux herbes, s’allient à la forte présence aromatique des vins de ce Grand Cru. Les plats associant des fleurs sont également à la fête. Le Gewurztraminer, avec ses notes florales, s’associe aux desserts composés de fruits rouges. »
Photo © ZVARDON / Textes CIVA – www.Vinsalsace.com